Alignée (mais) de travers, épisode 5
- Myriam Raynfeld
- 18 juil.
- 2 min de lecture
"Fais confiance au processus"
Ah, cette phrase... Le “ciao bon courage” du monde thérapeutique. La version New Age de “débrouille-toi avec ton chaos, bisous!”.

Je m’en souviens comme si c’était hier : lors d'un week-end de formation, deux jours à me retourner comme une chaussette dans son lave-linge, à exhumer des trucs que je savais même pas avoir stockés, et là…
Fin de séance. Je demande, l’air un peu hagard :
“Je fais comment moi pour rentrer chez moi et faire ce que j'ai à faire avec mes gosses, mon chat, mon boulot, mes lessives ?.” (la gorge serrée, le ventre noué, le cerveau en mode puzzle 1000 pièces sans modèle, et j'ai même pas de chat !) Et la formatrice, lumineuse, paisible, flottante me dit: “Fais confiance au processus.” Pardon ? Non mais, j’ai pas commandé une énigme zen en dessert, moi. J’ai commandé une explication,
un cap, un mode d’emploi émotionnel. Et à la place j’ai une incantation type Yogi-tea. Comme si “croire” remplaçait “comprendre”. Comme si la consigne était : Tais-toi, ressens, et serre les dents avec foi.
Et puis,...me voilà en fin d'atelier de constellations familiales et j'entends dire "Fais confiance au processus" à un constellé, le regard surpris, plein de questions métaphysiques.
Oh punaise, je l’ai dit, doucement, avec tendresse, et peut-être une touche de lâcheté. Parce qu’on n’a pas toujours mieux sous la main. Parce que parfois, le processus est plus intelligent que nous (et c’est pas si difficile.)
Et oui, des fois la thérapie, c’est ne rien faire. C’est laisser décanter. C’est se faire traverser sans mode d’emploi, sans garantie de happy end. Et oui, c’est rude. Mais c’est souvent là que ça bosse vraiment. Un vieux collègue m’a dit un jour : “Les choses finissent toujours par s’arranger… même mal.” C’est peut-être ça, le vrai mantra. Alors ouais, fais confiance au processus. Même si t’as envie de lui mettre une baffe. Même si t’as aucune idée de ce qu'il fait. Il se peut qu’il sache mieux que toi (et c'est clair, c’est rageant).







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