Alignée (mais) de travers, épisode 10
- Myriam Raynfeld
- 11 oct.
- 2 min de lecture

Ah, LA TRANSFORMATION. Ce grand mot valise que les -peutes dégainent dès que t’as une sale tronche ou que tu pleures sans raison.
“C’est normal, t’es en train d’évoluer.”
Non, Jocelyne, je ne m’élève pas, j’essaie juste de pas hurler sur le crétin qui perce un mur depuis trois jours.
“Respire. Accueille. Laisse les émotions te traverser.”
Oui bien sûr, parce que quand la vie te roule dessus façon camion benne, la première idée qui te vient, c’est de respirer… par le nez, calmement, en pleine gratitude.
Moi, dans ces moments-là, je respire comme un aspirateur Dyson sous coke et je souffle comme un buffle asthmatique. Le flow me traverse, oui, mais il me laisse pas un message gentil après.
On nous vend la transformation comme une séance de spa intérieur : ça pique un peu au début, puis ça purifie l’aura.
Sauf que dans la vraie vie, c’est pas un bain de sel rose, c’est un bain d’acide. Et t’as beau te dire que “tout ce qui doit partir n’a plus sa place dans ton nouveau toi”, sur le moment, t’as surtout envie de hurler : “JE M’EN FOUS DE MON NOUVEAU MOI, RENDEZ-MOI L’ANCIEN QUI DORMAIT BIEN.”
Parce que le chaos, parfois, c’est juste le chaos. Pas un message de l’univers. Pas une montée vibratoire.
Juste la vie qui te tord les tripes. Et toi, tu te débats, tu trembles, tu pleures, tu rigoles nerveusement, t’as la tête dans un brouillard lucide et t’espères juste ne pas exploser. C’est ça, le flow. Pas une douce rivière spirituelle, non. Un torrent boueux qui t’arrache les racines.
Mais bien sûr, autour de toi, tout le monde y va de sa petite phrase instagrammable : “Ce qui doit partir partira.” “Tu es en pleine mue.” Ou le classique : “C’est inconfortable parce que tu deviens papillon.” Non, Karen, je ne deviens pas papillon, j’ai juste l’impression d’être une chenille écrasée sur un pare-brise.
Alors oui, peut-être qu’après tout ça, je serai différente. Peut-être même plus vraie, plus alignée, qui sait. Mais sur le moment, c’est pas de la transformation, c’est une dissection émotionnelle en direct. Et tu sais quoi ? Je préfère encore ça aux contes qu'on veut me vendre. Parce qu’au moins, le chaos, lui, ne ment pas. Et je sais qu'après la pluie, bref, tu m'as comprise.
Je ne “me transforme” pas.
Je survis. Je brûle. Je m’écaille.
Et quand la poussière retombera, bien sûr qu’il restera quelque chose de vivant. De vrai.
De travers, évidemment.







Commentaires