Alignée (mais) de travers, épisode 6
- Myriam Raynfeld
- 28 juil.
- 2 min de lecture

Ah, “tout est juste”.
L’incantation sacrée des cercles de dévperso, le joker spirituel, l’arme fatale contre toute velléité de révolte intérieure.
T’as perdu ton boulot ? T’inquiète, tout est juste.
Ton mec t’a ghostée après 3 ans ? T’inquiète, c’est juste.
Tu t’es cassée la cheville en descendant de ta retraite de pleine conscience ?
C’est évidemment JUSTE, ma belle. On ne questionne pas l’univers, il sait.
Il orchestre tout avec la précision d’un horloger suisse sous ayahuasca.
Et toi, tu ferais bien d’arrêter de résister et te rouler en position fœtale en répétant que c’est “pour ton bien”.
Parce que si tu souffres, c’est que tu n’as pas encore compris la leçon.
Et si tu ne l’as pas comprise, c’est que tu vas la revivre.
“Parce que la vie te ressert le même plat tant que t’as pas intégré.”
Et si t’as pas envie de recommencer ? C’est que t’es pas encore assez... consciente.
C’est beau, non ?
Tout ce qui t’arrive est parfaitement dosé pour ton éveil.
Ton voisin toxique, ta mère manipulatrice, ton boss pervers ?
Des émissaires du grand Plan Cosmique. Des cadeaux mal emballés.
Et toi, tu dois les ouvrir avec amour et reconnaissance (oui oui, dis merci stp !).
Oui, “tout est juste”.
Tu trouves ça injuste ? Ben… c’est juste aussi !
Parce que le dev perso, c’est croire que tu as tout choisi, même ta chute libre. Et que tu devrais sourire en tombant.
Alors, “tout est juste”, peut-être.
Mais ça ne veut pas dire que c’est facile, que tu l’as mérité, ou que c’est acceptable.
Parfois, c’est juste… douloureux. Absurde. Mal foutu.
Et si t’en as marre des bénédictions cheloues, t’as le droit de lever les yeux au ciel et dire stop aux injonctions dorées.
Peut-être que ce que tu vis, là, c’est juste un sale moment à passer.
Un truc juste inconfortable, qui gratte à l’intérieur.
Et non, ce n’est pas parce qu’un compte Insta l’a appelé “opportunité de croissance” que tu dois t’y jeter les bras ouverts. Tu peux aussi juste te laisser tranquille de temps en temps...







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